ÉDITO DE SAISON

24-25 · Une saison oxygène

Une saison riche en oxygène, grâce à l’éclosion de nouveaux récits — près de 60 % de créations ! — conçus avec des artivistes dont l’oeuvre et la vie sont intrinsèquement liées. Tels ces deux opposants
au stockage des déchets nucléaires sur le site de Bure en 2017 saisis par l’objectif de Nicolas Leblanc, artistes et activistes portent haut et fort coups de coeur, coups de gueule.

Avec une acuité indéniable au vacillement de notre démocratie, leurs utopies et leurs dystopies donnent un nouveau souffle à la scène dans des dramaturgies souvent festives.

Immergeons-nous dans ces spectaclesexpériences qui transposent la vie dans des dispositifs qui interrogent la place du public en lui proposant de nouvelles formes : cabaret, ring de boxe, podium, fête foraine, banquet.

Bouleversements climatiques
Qu’est-on prêt à abandonner pour un monde vivable dans 50 ans ? Quelle capacité d’action avons-nous ? Ce sont les questions qui agitent nos artistes associés
de la cie Formiga Atomica dans leur Terminal, Guillaume Cayet qui explore, depuis Le Temps des fins, différentes façons d’habiter le monde, et la drolatique cie belge INTI Théâtre qui, sur un podium, « défile » les méfaits de la FAST fashion.

Entre fleuve et montagne contaminés, Angélique Clairand nous plonge dans un récit fantastique et opératique avec Le Sang du glacier. Ces réflexions trouveront leur acmé dans Une pièce pour les vivant·e·s en temps d'extinction, de David Geselson.


Diversité et inclusion
Une diversité visible au plateau et interrogée depuis le vécu même des artistes, chercheur·cheuses, artistes : Laëtitia Guédon, dans son Grand ReporTERRE#10, fouille les différents métissages qui nous fondent autour d’un joyeux banquet.

Une joie contagieuse également dans La Fête de Kamilė Gudmonaitė et dans Personne n'est ensemble sauf moi de Clea Petrolesi, où les interprètes sont porteur·ses de handicaps invisibles. Le « vivre ensemble » est également au coeur du récit d’apprentissage entre une mère sourde et sa fille entendante dans Les Mots qu'on ne me dit pas ainsi que dans le récit fascinant de résilience d’Élise Vigier et ses Nageuses de l'extrême.

(Dé)construction des genres
Dans une saison affichant 58 % de créatrices, on s'agite contre le patriarcat !
La cie On Off et Alice Zeniter, dans Nous sommes des filles sans histoire, traquent les représentations du féminin depuis la mythologie.

L’extravagante Marlène Saldana, dans Showgirl, s’effeuille et chante le monde sexiste de la nuit, pendant que Penda Diouf et Lucie Berelowitsch nous remémorent que les femmes libres ont souvent été traitées de Sorcières. Liza Machover, elle, nous dévoile de nouvelles masculinités sur une utopique Île aux pères.

Justice et désobéissance
Doit-on parfois sortir du cadre des lois ? Question centrale que posent les spectacles radicaux et festifs conçus par Samira Sedira et Éric Massé dans Des gens comme eux où le racisme ordinaire dérape en crime et Tiago Rodrigues dans Catarina et la beauté de tuer des fascistes.

Deux tragi-comédies, au registre provoquant, poursuivent ces réflexions : L'arbre à sang où Tommy Milliot porte un regard sans pitié sur l’impunité des violences domestiques et Requin velours où Gaëlle Axelbrun nous plonge dans le parcours d’une fille qui se transforme en requin pour ne plus être la proie. Enfin, le Grand ReporTERRE#11, mené par notre cie associée CALC et le journaliste Antoine Chao, ausculte les désobéissances civiques.

Dès à présent, partageons sans modération cette vivifiante saison car, comme l’écrit l’autrice Alice Zeniter : Il y a quelques cas où la fiction a changé le monde !

Angélique Clairand et Éric Massé
co-directrice et co-directeur du Théâtre du Point du Jour

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